Préface
Mais où est donc Zocato ?
Il est étrange qu’un ami des plus fidèles, un collaborateur des plus fiables soit aussi insaisissable. C’est pourtant ce qu’est Vincent Bourg. On a beau le connaître depuis l’aube des temps, on a pu l’avoir vu dans ces temps de novillero, on a pu le connaître en avisé antiquaire (ce qu’il fut et avec un œil redoutable), le redécouvrir en un sagace chroniqueur taurin, la question ne change pas : « Mais où est Zocato ? « . Mieux, elle est traduite dans toutes les langues. En espagnol d’abord : » Pues, a donde esta Zocato ? « . En Portugais également, » Onde esta a Zocato ? « . En Gascon les jours de concours landais de Dax : » Oun es Zocato. L’aspas bitz ? » En anglais parfois : » Well, but now, where is Zocato ? » – ce fut lors de la conférence qu’il devait donner au cercle taurin de New-York, question posée cinq minutes avant le début de la rencontre. En Basque, avec une pointe d’inquiétude, l’instant précédent le paseo sur le sable gris des arènes de Bilbao : » Bainan, nun da Zocato ? « . Il se dit même qu’un descendant des rois inca l’a murmuré en quechua sur les plus hauts plateaux andins » Zocato maypi kaï ? « .
Vincent est partout et nulle part, apparaît en laissant toujours un souvenir étonnant, puis s’en va comme le chat d’Alice au Pays des Merveilles. Mieux, ne soyez pas certain de sa présence au seul prétexte qu’il serait à côté de vous. Dans la seconde qui suit, vous le cherchez à nouveau et vous répétez : » Mais où est passé Zocato ? ». Zocato n’est jamais loin. Et finalement toujours absent parce que sans même qu’il le sache, il est un parfait contemplatif. On l’ignore. C’est là son secret. Il n’est jamais mieux que dans ses souvenirs d’arc-en-ciel qu’il fait et défait.
C’est ainsi que va Vincent Bourg, dit Zocato, sur les cinq continents, avec ces histoires de vent de nuages, de gitans aux voix de mousse et de toros d’orages. Il a ses contes pour seuls bagages et revient nous voir pour mieux les partager.
Yves Harté